L'un des exemples les plus rares et les plus importants de verrerie islamique jamais proposés aux enchères chez Bonhams le 12 novembre.
L'un des exemples les plus rares et les plus importants de verrerie islamique jamais proposé aux enchères, sera le lot phare de la vente d'art islamique et indien de Bonhams le mardi 12 novembre 2024. Une lampe Sarghatmish du XIVe siècle, originaire d'Égypte, ayant appartenu pendant plus d'un siècle à la famille de Nubar Pacha, premier Premier ministre égyptien, sera offerte au feu des enchères chez Bonhams à Londres avec une estimation de 600 000 à 1 000 000 £.
Nima Sagharchi, Directeur du département Art du Moyen-Orient et de l'Islam de Bonhams, a déclaré : « Il s'agit d'une magnifique œuvre d'art et d'artisanat. La lampe Sarghatmish s’ajoute aux nombreuses pièces remarquables vendues par Bonhams, toutes dotées d’une provenance historique exceptionnelle, notamment la légendaire Épée de Chambre de Tipu Sultan, qui a établi un nouveau record mondial de vente aux enchères en mai 2023. Non seulement cette lampe est extrêmement rare, mais elle a également fait l'objet d'un nombre impressionnant d'expositions, notamment dans les plus grands musées parisiens. Nous nous attendons à un intérêt considérable. »
Oliver White, Directeur de l'art islamique et indien chez Bonhams, ajoute : « Depuis le milieu des années 1800, la lampe a appartenu à l'éminent collectionneur français Charles Schefer. En 1906, elle est entrée dans la collection de l'aristocrate arménien Boghos Nubar Pacha, le fils du premier Premier ministre égyptien. Elle a été transmise à sa famille ensuite. La rareté de l'objet, associée à cette impressionnante provenance, en fait l'une des plus importantes pièces de verrerie islamique jamais mises sur le marché ».
Les lampes de mosquée, rares vestiges de la verrerie médiévale, sont des objets de culte, présentées dans les mosquées et les mausolées et rendant hommage, comme les vitraux en Occident, à la dimension divine de la lumière. Elles sont aussi des témoignages de mécénat religieux. La technique de la dorure et de l’émail polychrome sur verre était unique à la cour mamelouke, où ces lampes ont été produites aux 13e et 14e siècles pour la décoration et l'éclairage des mosquées. La technique n’avait jamais atteint une telle maitrise auparavant. Sur certains exemples comme celui-ci dédié à l'émir mamelouk Sarghatmish, un chef puissant sous le règne du sultan an-Nasir Muhammad, l’art de la calligraphie est rendu de manière exceptionnelle.
La lampe porte à la fois son nom et celui du sultan, ainsi que le blason de Sarghatmish. Elle était probablement accrochée dans la madrasa de Sarghatmish, une mosquée très importante, qui existe encore aujourd'hui dans le quartier médiéval du Caire. En 1907, l'érudit Yacoub Artin Pacha (1842-1919) a célébré la beauté de cette lampe en rédigeant : « Dans son ensemble, cette lampe est comparable aux plus belles lampes en verre émaillé que j'ai vues et étudiées ».
Le professeur Robert Hillenbrand, dans le magazine Bonhams, explique : « Chaque lampe était suspendue par des chaînes au toit ou aux poutres, dans un lieu de culte, quel que soit le type d'édifice qu'elle ornait. Sa fonction était pratique, religieuse et politique... Dans la pénombre de ces édifices, ces lampes étaient une nécessité pratique ; elles renfermaient des mèches suspendues dans des récipients à huile en verre et créaient des halos de lumière jaune au milieu de l'obscurité. La lumière était à la fois émise et réfléchie, et lorsque le spectateur se déplaçait, les différentes couleurs de la lampe - bleu, or, noir - apparaissaient l'une après l'autre lorsqu'elles captaient la lumière. »
La lampe porte l'inscription d'un verset du Coran extrait de la sourate al-Nur (lumière), qui rappelle que les lampes de mosquée étaient une manifestation physique de la lumière d'Allah et que leur production était considérée comme un acte important de mécénat religieux de la part de personnalités riches et puissantes. L'inscription supérieure du Coran était une pratique courante dans les lampes émaillées médiévales. Divers textes étaient populaires, et notamment le verset suivant : « Dieu est la lumière des cieux et de la terre, sa lumière est telle qu’un foyer dans lequel se trouve un flambeau ». Dans la lampe de Sarghatmish, le verset est présenté sur trois niveaux. Des mécènes comme Sarghatmish ont également cherché à tirer le maximum de publicité des objets qu'ils commanditaient. Disposées en rangées, ces lampes proclamaient sans cesse le nom et le rang de l'émir Sarghatmish, un message amplifié par l'emblème de son rang et ses titres officiels se terminant par le nom du sultan au pouvoir : « Son honorable et haute excellence, notre seigneur, le royal, le bien servi, le sabreur, Sarghatmish, chef d'un corps de mamelouks d'al-Malik al-Nasir ». Ses titres sont situés plus près de l'observateur et les caractères sont plus grands que l'inscription coranique supérieure. On reconnaît l'emblème de Sarghatmish sous la forme d'un écu - une serviette rouge (buqja) qui se détache sur un champ blanc et l'identifie comme maître des robes (jamdar). Ainsi, sa madrasa est devenue le théâtre d'une mise en scène dans un puissant mélange de piété et de politique.
La lampe de mosquée en verre émaillé mamelouke est l'un des exemples les plus importants, les plus publiés et les plus exposés de son genre. Elle a notamment été exposée dans trois des principaux musées parisiens au XIXe et au XXe siècle siècle : Le Musée Guimet en 1869, le Palais du Trocadéro en 1878 et le Musée des Arts Décoratifs en 1903. La lampe a également été citée dans au moins dix publications majeures depuis 1869 et a été illustrée dès 1907 dans le Bulletin de l'Institut Egyptien, où elle fait l'objet de commentaires détaillés de la part de l'éminent érudit égypto-arménien Yacoub Artin Pacha.
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